samedi 26 février 2011

Quel avenir pour les pays sud-méditerranéens?

Il ne fait plus aucun doute que nous vivons un instant historique comme le fut la révolution française, la libération de l’oppression nazie ou la chute du mur de Berlin. Un vent de liberté souffle sur les pays sud-méditerranéens.

Mais, il est choquant de constater que nous sommes spectateurs. Nous n’avons pas aidé les peuples à se soulever. Nous n’avons rien anticipé ni préparé. Quel est notre vision, notre plan de soutien pour aider dans le futur le Maghreb et le Moyen Orient? Il existe un vide politique, philosophique, culturel. L’UE envisage des sanctions pour la Libye et travaille sur le financement de l’accueil des réfugiés qui affluent des pays libérés. L’ONU exclu l’ambassadeur de Libye et s’émeut de la situation. L’OTAN réfléchie. Notre position passive et bienveillante, depuis des décennies, face aux régimes dictatoriaux, autocratiques, non démocratiques de ces pays nous a amené à « omettre » de travailler sur une possible transition. Aucun plan de soutien pour construire une démocratie durable régionale n’existe.
Qu’elle est et qu’elle doit être la position de la France, de l'Europe? Que se serait-il passé si le général De Gaulle n’avait pas anticipé la « France Libre » et si Helmut Koll et François Mitterrand n’avaient pas réagi immédiatement pour réunifier l’Allemagne et ouvrir l’Europe. Les Américains auraient installé leur puissance politique, militaire et économique au détriment de certaines libertés nationale et européennes. Aujourd’hui doivent émerger les grands hommes qui seront le symbole de cette transition. Dénoncer les dictateurs déchus ou sur le point de tomber, tout le monde le fait. Soutenir les peuples qui se soulèvent pour défendre leurs libertés, c'est un minimum. Pourquoi ne l’a-t-on pas fait avant ? Il a fallu attendre des centaines de morts en Libye, pour qu’Obama et nos dirigeants Européens critiquent ouvertement le raïs Kadhafi. Il y encore quelques mois il était reçu avec faste pour signer des contrats d’armement et d’équipement. Il fallait choisir entre défense des libertés des peuples et sources d’approvisionnements énergétiques. Entre diplomatie aveugle et démocratie ? Entre économie de marché et défense des droits de l’homme. Malheureusement l’histoire nous montrera que nous les occidentaux, défendeurs des libertés, nous avons laissé en place des tyrans pour notre stabilité et notre bien être.
Mais à cet instant précis de l’histoire, le plus grave, c’est qu’il n’existe aucune projection d’aucun parti politique ni en France ni ailleurs pour créer l’espoir et stabiliser cette partie du monde. L’attentisme est de rigueur : il ne faut pas froisser les dictateurs non encore déchus, il ne faut pas anticiper au risque de se tromper, il ne faut pas intervenir parce que notre histoire coloniale est encore trop présente dans les esprits, il ne faut pas mettre en péril nos économies en risquant de déstabiliser nos approvisionnements énergétiques. Quelle hypocrisie, quel déni politique. Les peuples libérés ont toujours eut besoin d’aide et de leader. Les philosophes avaient pensé la révolution et la république française. De Gaulle a incarné la France libre et a pu reconstruire une France indépendante grâce au plan Marshall. Les pays de l'Est avaient comme avenir d'intégrer l'Europe pour mieux vivre et les allemands de l’Est pouvaient rêver de la réunification. Après la chute du mur de Berlin nous savions que sur du long terme nous allions pouvoir stabiliser la zone. Pourtant nous avons laissé se déclencher la guerre des Balkans et certains pays ont encore du mal à défendre leurs libertés.
Les pays du sud de la méditerranée n'ont rien. Aucune perspective, aucun soutien, aucune structure à laquelle se rattacher et vers laquelle se rapprocher.
Il serait criminel de les laisser à la dérive à la recherche d'une liberté non réfléchie. Nous ne déboucherions que sur l'éclosion de régimes religieux, sur des conflits ethniques, sur des guerres régionales et nous ouvririons la voie à l’interventionnisme Américain. L'Europe a un rôle à jouer, la France doit être présente pendant cette transition. Nous ne pouvons pas une fois de plus laisser les Américains choisir et agir. Après l’Irak et l’Afghanistan allons-nous laisser le Moyen orient et le Maghreb devoir choisir entre la surpuissance américaine et l’islamisme intégriste.
Faisons de l’Union Euro Méditerranée, démocratique, libre et laïque une réalité, politique, économique, culturelle. Une union des peuples pour la paix et pour une société plus juste et plus sûre.

2 commentaires:

Berdat jacques a dit…

Bravo michel !
Enfin ,le Blog
Les Europeos parlent aux Europeos
publie de nouveau !
Courage !
et amitiés socialistes

Mahoudeau François a dit…

Bonne réaction, Michel, à ces évènements historiques. On ne peut que se réjouir de la réussite de ces mouvements démocratiques qui entrainent la chute de dictateurs. (En Lybie, ce n'est pas encore fait)
Quelques réflexions, si tu le permets:
D'abord, une approximation dans ton texte qui concerne Mitterand: je te rappelle qu'en décembre 1989, il n'avait pas compris la signification de la chute du mur de Berlin, et n'avait pas vu venir la désintégration du monde communiste. A ce sujet, on se pose la question de la compétence de nos dirigeants en général en matière de politique étrangère, de l'inefficacité de nos réseaux diplomatiques et de nos experts en géopolitique... Aujourd'hui encore, qui a vu venir la révolte des pays arabes?
Une autre réflexion: on est heureux de voir le réveil des peuples devant les dictatures. Nous avons des réactions "romantiques". Mais réfléchit on assez sur les suites de ces révolutions? Qui va profiter de ces bouleversements? Qui va prendre le pouvoir dans ces pays? Comment vont-ils gérer leurs nouvelles démocraties, que vont devenir leurs économies? Que de questions.... Je trouve que l'on n'en parle pas assez.
J'aimerais avoir ton avis sur ce sujet.
Bravo encore ton analyse et tes idées. Je t'embrasse.
François