mardi 19 juillet 2011

L’Europe doit décriminaliser le cannabis

En France on compte environ 4 à 5 millions de consommateurs occasionnels et 500.000 à 1 million de consommateurs fréquents. 60% des jeunes déclarent avoir essayé et 40% d’entre eux l’avoir fait parce que c’est interdit.

C’est donc bien un phénomène de société. Il faut l’observer, l’analyser, le comprendre, s’adapter, l’encadrer et si il le faut le contrôler mais certainement pas l’interdire. La prohibition n’a jamais marché.
Les enjeux sont à la fois sanitaires, économiques, politiques, culturels et philosophiques. Pourtant, les Etats de l’Union Européenne n’ont pas encore réfléchi à une politique commune : de prévention, d’encadrement de la consommation et encore moins de contrôle de la distribution.

Mais si l’on veut faire une analyse complète et formuler les bonnes réponses on ne peut continuer plus longtemps à ignorer les causes majeures de l’immobilisme actuel. Le trafic de cannabis est une économie globale majeure, évaluée par l’ONU à plus de 142 milliards de dollars. Certains pays comme le Mexique ou le Maroc dépendent tout autant du trafic de drogues que du tourisme ou de l’agriculture. En Europe le trafic de drogues s’est emparé des quartiers défavorisés, des « banlieues ». En France, il est devenu le « business » des cités. Les classes aisées et moyennes consomment et les classes défavorisées trafiquent. Ce trafic qui est évalué à plusieurs centaines de millions d’euros maintient sous perfusion nos cités. Nos grandes malades des temps modernes. On injecte l’argent sale, là où les pouvoirs publics ont décidés de ne plus investir. On ne contrôle plus ces quartiers qui sont laissés à la dérive après avoir retiré la police de proximité et constaté l’échec de la répression spectacle de Monsieur Sarkozy comme Ministre de l’Intérieur et comme Président de la République. On peut se poser la question du pourquoi les jeunes des cités devraient faire des études et travailler ? En trafiquant ils peuvent s’acheter « des fringues de marques et rouler en Porche Cayenne ». La République ne leur offre comme perspective, dans le meilleur des cas, des métiers non qualifiés, non valorisés par la société et que personne ne veut et dans le pire des cas le chômage ou le RMI.

Il faut donc rapidement décriminaliser l’usage du cannabis comme le préconise le syndicat de la magistrature. Cependant nous sommes nombreux à penser que l’Etat doit contrôler la vente et l’organiser. Légaliser la vente et la consommation ne veut pas dire dépénaliser. Il faut éradiquer le trafic en contrôlant la production et en fixant les prix. Nous devons aussi accentuer la prévention comme nous le faisons pour le tabac et l’alcool pour en limiter la consommation et éviter l’accoutumance.

En parallèle il faudra répondre à la détresse des cités, si nous ne voulons pas qu’elles se tournent vers d’autres trafics mafieux : grand banditisme, cocaïne, racket, prostitution, etc. Nous devrons immédiatement investir massivement pour relancer les structures éducatives, la police de proximité, créer des emplois qualifiés, mais aussi et surtout faire respecter les règles de la République. Réinjectons dans les cités l’argent dépensé inutilement dans prohibition et taxons la vente.

L’Europe elle aussi doit être un acteur de cohésion. Elle doit prendre l’initiative et homogénéiser et imposer des politiques communes : de prévention, de contrôle et de vente. Si elle ne le fait nous déplacerons les problèmes d’un pays vers un autre. L’Europe, les Etats, les politiques doivent s’adapter et montre qu’ils ont compris le phénomène. S’ils ne le font pas ils s’éloigneront encore un peu plus des citoyens européens qui chaque jour seront un peu plus des « Europeos indignados ».

samedi 26 février 2011

Quel avenir pour les pays sud-méditerranéens?

Il ne fait plus aucun doute que nous vivons un instant historique comme le fut la révolution française, la libération de l’oppression nazie ou la chute du mur de Berlin. Un vent de liberté souffle sur les pays sud-méditerranéens.

Mais, il est choquant de constater que nous sommes spectateurs. Nous n’avons pas aidé les peuples à se soulever. Nous n’avons rien anticipé ni préparé. Quel est notre vision, notre plan de soutien pour aider dans le futur le Maghreb et le Moyen Orient? Il existe un vide politique, philosophique, culturel. L’UE envisage des sanctions pour la Libye et travaille sur le financement de l’accueil des réfugiés qui affluent des pays libérés. L’ONU exclu l’ambassadeur de Libye et s’émeut de la situation. L’OTAN réfléchie. Notre position passive et bienveillante, depuis des décennies, face aux régimes dictatoriaux, autocratiques, non démocratiques de ces pays nous a amené à « omettre » de travailler sur une possible transition. Aucun plan de soutien pour construire une démocratie durable régionale n’existe.
Qu’elle est et qu’elle doit être la position de la France, de l'Europe? Que se serait-il passé si le général De Gaulle n’avait pas anticipé la « France Libre » et si Helmut Koll et François Mitterrand n’avaient pas réagi immédiatement pour réunifier l’Allemagne et ouvrir l’Europe. Les Américains auraient installé leur puissance politique, militaire et économique au détriment de certaines libertés nationale et européennes. Aujourd’hui doivent émerger les grands hommes qui seront le symbole de cette transition. Dénoncer les dictateurs déchus ou sur le point de tomber, tout le monde le fait. Soutenir les peuples qui se soulèvent pour défendre leurs libertés, c'est un minimum. Pourquoi ne l’a-t-on pas fait avant ? Il a fallu attendre des centaines de morts en Libye, pour qu’Obama et nos dirigeants Européens critiquent ouvertement le raïs Kadhafi. Il y encore quelques mois il était reçu avec faste pour signer des contrats d’armement et d’équipement. Il fallait choisir entre défense des libertés des peuples et sources d’approvisionnements énergétiques. Entre diplomatie aveugle et démocratie ? Entre économie de marché et défense des droits de l’homme. Malheureusement l’histoire nous montrera que nous les occidentaux, défendeurs des libertés, nous avons laissé en place des tyrans pour notre stabilité et notre bien être.
Mais à cet instant précis de l’histoire, le plus grave, c’est qu’il n’existe aucune projection d’aucun parti politique ni en France ni ailleurs pour créer l’espoir et stabiliser cette partie du monde. L’attentisme est de rigueur : il ne faut pas froisser les dictateurs non encore déchus, il ne faut pas anticiper au risque de se tromper, il ne faut pas intervenir parce que notre histoire coloniale est encore trop présente dans les esprits, il ne faut pas mettre en péril nos économies en risquant de déstabiliser nos approvisionnements énergétiques. Quelle hypocrisie, quel déni politique. Les peuples libérés ont toujours eut besoin d’aide et de leader. Les philosophes avaient pensé la révolution et la république française. De Gaulle a incarné la France libre et a pu reconstruire une France indépendante grâce au plan Marshall. Les pays de l'Est avaient comme avenir d'intégrer l'Europe pour mieux vivre et les allemands de l’Est pouvaient rêver de la réunification. Après la chute du mur de Berlin nous savions que sur du long terme nous allions pouvoir stabiliser la zone. Pourtant nous avons laissé se déclencher la guerre des Balkans et certains pays ont encore du mal à défendre leurs libertés.
Les pays du sud de la méditerranée n'ont rien. Aucune perspective, aucun soutien, aucune structure à laquelle se rattacher et vers laquelle se rapprocher.
Il serait criminel de les laisser à la dérive à la recherche d'une liberté non réfléchie. Nous ne déboucherions que sur l'éclosion de régimes religieux, sur des conflits ethniques, sur des guerres régionales et nous ouvririons la voie à l’interventionnisme Américain. L'Europe a un rôle à jouer, la France doit être présente pendant cette transition. Nous ne pouvons pas une fois de plus laisser les Américains choisir et agir. Après l’Irak et l’Afghanistan allons-nous laisser le Moyen orient et le Maghreb devoir choisir entre la surpuissance américaine et l’islamisme intégriste.
Faisons de l’Union Euro Méditerranée, démocratique, libre et laïque une réalité, politique, économique, culturelle. Une union des peuples pour la paix et pour une société plus juste et plus sûre.