dimanche 14 mars 2010

L’Union Pour la Méditerranée (UPM) rentre dans sa phase active

« L’Union pour la Méditerranée (UPM) rentre dans sa phase active »

Ahamd Massa’deh (Précédemment Ambassadeur de Jordanie à Bruxelles auprès de l’UE et de l’OTAN), nommé le 27 janvier dernier, premier secrétaire général de l’Union Pour la Méditerranée (UPM) vient de s’installer au siège de Barcelone. Sa prise de fonction officielle a eu lieu, le 04 mars 2010, en présence des chefs de la diplomatie espagnole et française, des Ministres des Affaires Etrangères égyptien, Ahmed Abul Gheit et jordanien Nasser Judeh et du secrétaire général de la ligue Arabe, Amr Moussa.

L’UPM est constituée de 43 pays : 27 pays de l’UE, 12 pays* du processus de Barcelone (seul la Lybie manque à l’appel), Monaco, Croatie, Monténégro, Bosnie-Herzégovine.

Les domaines de compétences prédéfinis sont ambitieux : Environnement, Transports, Energie, Culture, Enseignement Supérieur, Recherche, Développement des entreprises.

Il est important de noter que l’UPM est l’unique forum régional de dialogue politique associant Palestiniens et Israéliens. Elle peut être amenée à jouer un rôle important dans la reprise du dialogue et dans le processus de paix.
Il faudra aussi prendre en compte le positionnement de la Turquie, pays charnière entre l’UE et les pays arabes membres de l’UPM

Le président Sarkosy profite de la coprésidence de l’UPM, France-Egypte, pour mettre en place les statuts, les instances et les personnes selon sa volonté. Il a crée une cellule de l’Elysée spécifique pour travailler sur cette phase de lancement. L’UPM est une institution qu’il veut maîtriser. Il rééquilibre les zones d’influences en intégrant les pays du Sud. Il contrebalance le poids politique et économique des pays du Nord et la place prise par les pays de l’Est.
Certes la réussite de l’UPM n’est pas garantie. Mais il existe une conjonction de circonstances qui fait que l’UPM peut devenir un espace incontournable. L’UPM peut aussi, devenir une plateforme diplomatique pour garantir la paix sur une région géopolitiquement à risques (comme ce fût le cas pour la Communauté Européenne). Elle permet aux pays arabes de développer des projets communs en collaboration avec l’UE dans un cadre équilibré et non subit. Mais l’UPM aussi permet aux pays d’Europe du Sud et en particulier à l’Espagne et à la Grèce, d’occuper une place politique et économique stratégique.
La détermination de Miguel Angel Moratinos, Ministre des Affaires Etrangères Espagnol, en est la preuve : "Ce ne sera pas facile, mais je suis sûr que nous y arriverons".

Les instances se mettent en place maintenant pour une période minimum de 2 ans. Nous devons être vigilants et actifs. Il nous faut suivre de prêt cette phase de construction, de positionnement diplomatique et de choix politiques. Soyons prudent mais regardons de prêt l’évolution de l’UPM.

Historique et situation actuelle de l’UPM:

Les chefs d’Etat et de gouvernement de 43 pays du pourtour méditerranéen et de l’union européenne, réunis en sommet à Paris le 13 juillet 2008, décidaient de mettre en œuvre un partenariat renforcé autour de la Méditerranée: L’Union pour la Méditerranée (UPM). Selon Bernard Kouchner c’est un nouveau souffle donné au processus lancé en 1995 à Barcelone.

L’UPM a pour vocation de donner un nouvel élan à la coopération méditerranéenne en introduisant une logique paritaire entre le Nord et le Sud et en promouvant une solidarité de fait via des projets concrets d’intérêt régional.

Elle est constituée de 27 Etats membres de l’UE, 12 pays du Processus de Barcelone (La Lybie n’a pas souhaité participer – 9 pays sur 12 relèvent de la politique européenne de voisinage), ainsi que Monaco, Croatie, Monténégro, Bosnie-Herzégovine.

Les Ministres des affaires étrangères de l’UPM ont arrêté, en novembre 2008, les contours de l’organisation de ce nouveau forum de coopération régionale : une coprésidence exercée par un pays de l’UE et un pays du sud pour deux ans, un secrétariat localisé á Barcelone dirigé par un Secrétaire Général (SG) issu des pays méditerranéens, 6 Secrétaires Généraux Adjoints dont, pour le premier mandat, et c’est une première historique, un Israélien et un Palestinien. Comme l’a fait remarquer Bernard Kouchner "Rien qu'avoir un secrétaire général et six adjoints entre six pays, dont un Israélien un Palestinien, qui n'avaient pas l'habitude d'être ensemble et s'affrontent durement parfois, c'est une réussite exceptionnelle".

Six domaines prioritaires ont été retenus: dépollution de la Méditerrané, Autoroutes maritimes et terrestres, protection civile, énergie de substitution et plan solaire méditerranéen, enseignement supérieur et recherche, initiative pour le développement des entreprises.

L’UPM a été paralysée plusieurs mois par les interventions militaires d’Israël contre le Hamas à Gaza entre Décembre 2008 et janvier 2009. Cette situation a entrainé la suspension de toutes les réunions formelles avec les 43 membres, mais des rencontres informelles ont permis de travailler sur les statuts du secrétariat et avancer sur la définition des projets.

La commission européenne a par ailleurs annoncé le 10 juillet 2009, pour le premier anniversaire de l’UPM, une contribution supplémentaire de 72M€ pour la période 2009-2010 en faveur des secteurs jugés prioritaires par les chefs d’Etat et de Gouvernement lors du Sommet de Paris. A titre d’exemple, sur ces deux années, 22M€ seront consacrés à la dépollution de la Méditerranée, 7,5M€ aux autoroutes de la Mer et terrestres et 5 M€ au plan Solaire.

Sur le plan institutionnel, le Secrétaire Général (SG) a été désigné par les hauts fonctionnaires le 12 janvier dernier par consensus. Les Secrétaires Généraux Adjoints (SGA) devraient être également nommés au premier semestre 2010 dès lors que la répartition sera définitive. La répartition qui pourrait être proposée est la suivante : Financement de projet : Italie ; Transports : Turquie ; Eau et Environnement : Autorité palestinienne ; Education supérieure : Israël ; Affaires sociales et construction de mesures de confiance : Maltes ; Energie : Grèce.

Les statuts du secrétariat n’ont pu être adoptés parallèlement à la désignation du SG, en raison de l’absence d’accord entre Chypre et la Turquie sur la durée de validité du mécanisme régional de nomination des SGA (3 SGA nommés par l’UE et 3 SGA nommés par les pays du Sud). Un accord devrait être rapidement trouvé.
Dès à présent, un groupe de travail composé de la Commission, du Secrétaire Général du Conseil, de la coprésidence (France – Egypte), de l’Espagne et de la Belgique, prépare les différentes étapes pour la mise en place du Secrétariat.

L’Espagne assure la présidence du Conseil de l’UE au 1er semestre 2010. A ce titre elle devrait coprésider l’UPM aux côté de la France et de l’Egypte.

L’Espagne a proposé de laisser la France assurer la coprésidence jusqu’au prochain Sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement (prévu les 6 et 7 juin 2010 à Barcelone sous présidence espagnole) et d’assumer ensuite cette coprésidence pour 2 ans. Cependant une telle décision devra faire l’objet d’un accord avec les autres Etats membres et avec le Président permanent du Conseil Européen et Mme Ashton.

Les 43 Etats membres de l’UPM ont adopté en février un programme de travail pour 2010 ambitieux qui permettra d’avancer dans les priorités d’action retenues. Au premier semestre, quatre réunions ministérielles sont confirmées : eau (Barcelone, 13-14 avril), enseignement supérieur et recherche (Brdo, Slovénie, 25-26 avril), affaires étrangères (Barcelone, 5-6 juin, à la veille du Sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement) et agriculture (Egypte, 15-16 juin). Mais pourraient s’y ajouter les ministérielles suivantes (à confirmer), énergie (Le Caire), justice (Agrigento, Italie), tourisme (Barcelone), environnement (Dubrovnik)-
*12 pays du processus de Barcelone membres de l’UPM: Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Territoires palestiniens, Syrie, Tunisie, Albanie, Mauritanie, Turquie.