dimanche 5 juillet 2009

Les financiers spéculent ils, avec l'argent public mondial?

Les financiers (Banques, grandes fortunes, voleurs ou investisseurs?) utilisent-ils les fonds des plans de relance pour se refaire une santé en spéculant à très court terme ? Utilisent-ils les milliards apportés aux banques pour faire, en quelques semaines, plusieurs milliards de bénéfices? Quid des emplois détruits par millions parceque les banques ne débloquent pas les crédits aux entreprises et aux particuliers?

En effet les grands établissements financiers ont été obligés d’accepter l’aide des Etats au plus fort de la crise pour éviter la banqueroute et l’effondrement total du système capitaliste actuel. Ils cherchent maintenant à rembourser au plus vite… car les préteurs d’hier n’aiment pas être débiteurs. En remboursant au plus vite, les banques éviteront peut-être la mise en place de contrôles indésirés et se débarrasseront d’une tutelle politique dérangeante. Elles pourront alors reprendre leurs pratiques frauduleuses et rémunérer les grandes fortunes avec des bénéfices irréels et leurs dirigeants et traders avec des bonus qui ressemblent à un partage du butin.

Profitant d’une légère embellie « Spéculative » (pic central du W, voir article Sortie de crise et nouveau modèle économique) de la conjoncture mondiale et américaine les banques ont déjà remboursé plusieurs milliards. Je vais essayer d’expliquer ce qu’est la spéculation à la baisse ou plutôt le casse du siècle:

Le Trésor américain a autorisé, mardi 9 juin 2009, dix des plus grandes banques des États-Unis à rembourser les 68 milliards de dollars (49 milliards d’euros) de fonds publics dont elles ont collectivement bénéficié depuis l’automne 2008, dans le cadre de son plan de stabilisation du système financier. Cette décision va permettre à ces établissements de s’affranchir des conditions posées par l’État en contrepartie de son aide. Elles allaient devoir accepter un contrôle accru et une entrée de l'Etat dans leur système de gouvernance.
Les dix banques avaient reçu ces fonds de l’État dans le cadre du plan TARP, (Troubled Asset Relief Program, doté de 700 milliards de dollars) de recapitalisation lancé par le gouvernement de George Bush. Au total, l’État avait placé 200 milliards de dollars (143 milliards d’euros) dans plus de 600 banques. Cette injection de capital avait pour but d’apporter des fonds propres aux institutions qui en avaient besoin, pour se refinancer à un moment où le marché du crédit interbancaire était gelé par la peur du risque de faillites. L’État avait obtenu des actions de ces banques en échange de l’argent qu’il apportait. L’opération de rétrocession des actions va dégager un gain de "plusieurs milliards" de dollars pour l’État, a indiqué le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, les cours des actions des banques ayant en général monté depuis la prise de participation de l’État. Les banques en remboursant une partie de leurs dettes évitent la pire des sanctions, le contrôle de l'Etat. L'Etat de son côté peut justifier le status quo puisque les banques rembourses leurs dettes en payant des intérêts.

Pourquoi personne ne s’étonne que les banques au bord du gouffre il y a quelques mois soient maintenant en position de rembourser plusieurs centaines de milliards et que le cours de leurs actions remontent ?

Personne ne veut rien changer. Les banques avaient prêté pour plus de 30 fois leurs fonds propres! Avec les fonds publics elles ont « spéculé à la baisse » afin de les reconstituer. Elles ont provoqué et amplifié la dévalorisation de certaines entreprises, parfois d’elles même, par des annonces de mauvais résultats, de plans sociaux, et par la publication de prévisions non justifiées ou volontairement fausses. Elles ont ensuite racheté les actions des entreprises ciblées à un cours largement inférieur à leurs vraies valeurs… Ensuite les mêmes banques publient des informations positives sur l’efficacité des plans de restructurations et de réduction des coûts mis en place par leurs proies. Elles font réévaluer, par les entreprises de notations les niveaux de risques. Les valeurs en bourse remontent. Les banques revendent avec des plus values de plus 30 à 40% en quelques jours. Peut-on encore croire au changement prochain du système ?

Nous comprenons maintenant pourquoi les bourses depuis quelques mois ne chutent plus, alors que tous les fondamentaux sont au rouge et que l’endettement mondial continue à s’accroitre. Nos entreprises européennes se meurent, nos emplois disparaissent, les financiers spéculent, la précarité s’installe.

Malheureusement nos alchimistes de la finance en plus de spéculer à la baisse, spéculent aussi sur une productivité accrue grâce à la crise et donc sur des bénéfices futurs encore plus importants. Cette spéculation est encore plus morbide et elle découle de la première. Les banques ont profité de la détérioration des cours, amplifiée par la spéculation à la baisse, pour imposer à leurs débiteurs des réductions de coûts et des restructurations impossibles il y a quelques mois. Les dirigeants des grands groupes mondiaux pour respecter les « convenances » définies par les financiers ont dû, dans l’urgence, détruire des millions d’emplois, fusionner des entreprises, délocaliser des sites de production, remettre à plat les acquis sociaux, etc. Ils demandent des sacrifices aux cadres et aux employés à la limite de l’acceptable et du légal : prise de congés sans solde, renoncement aux parts variables, réduction pure et simple « volontaires » de leurs salaires.
British Airways (BA) atteint le summum en demandant à ses salariés basé en Grande-Bretagne de travailler gratuitement sur une période allant d’une semaine à un mois. La compagnie aérienne parle de survie et son directeur général, Willie Walsh, a décidé de montrer l’exemple: il ne touchera pas ses 70.000 euros en juillet. « Il n’y a pas d’autre solution dit-il, l’entreprise existera toujours dans deux ans si le personnel voit cela comme une crise temporaire ou alors l’entreprise ne survivra pas ».
Mais BA British Airways discute également une réduction de salaire avec ses pilotes et sa restructuration passera aussi par de nouvelles destructions d’emplois après les 2500 postes déjà supprimés.

Attention je ne suis pas en train de dire qu’il ne faut pas prendre ce type de disposition. Les dirigeants des grands groupes (ceux de BA inclus) n’ont pas le choix. Les financiers nous y obligent, la situation économique nous impose une réduction des coûts, des structures, afin d’adapter l’offre à une demande en chute libre. Les dirigeants ont l’obligation de limiter la diminution des bénéfices ou des pertes. Ils doivent générer du cash pour éviter aux banques d’avoir à les refinancer pendant cette période. Mais il faudrait qu’il existe une gouvernance européenne, mondiale qui mette en place des règles du jeu et qui s’engage à créer des instances capables de les contrôler et de les faire respecter.
Les dirigeants sont de bonne foi, ils n’ont pas d’autres alternatives. Mais dans deux ou trois ans, les entreprises restructurées avec des salariés qui auront accepté de perdre leurs acquis, seront plus productives et donc plus rentables. Les bénéfices seront supérieurs à ceux d’avant crise! En deux ou trois ans ils auront couvert les pertes accumulées pendant cette période, avant de générer à nouveau des bénéfices pour quelques privilégiés du monde de la finance et ceux qui ont accès à l’information (les experts).
Le problème c'est qu’il n’y a pas de clause de « retour à bonne fortune » en faveur des salariés, des ménages, des épargnants et des petits porteurs. Ils devront attendre, dans le meilleur des cas, une décennie pour retrouver des conditions de vie et de travail semblables à celles qu’ils avaient en 2007. Pourquoi n’établissons nous pas une obligation de reversement d’une part des bénéfices futurs pour compenser les sacrifices acceptés spontanément et volontairement par l’ensemble des salariés ? Les Europeos doivent réagir. Nous devons imposer au monde nos règles du jeu.